GAZETTE : LA BONNE NOUVELLE DE SAINT CHRISTOPHE
Nous proposons ici aux paroissiens et visiteurs du site de profiter de nos recherches historiques au sujet de la paroisse.
Chaque 1er dimanche du mois, une feuille supplémentaire sera jointe à la feuille de messe avec un article historique, fondation de la paroisse, construction de l’église, etc…+ un article extrait du bulletin paroissial des années 30, 40, 50, relatant un fait divers, une histoire, etc….Ces fichiers sont à retrouver ci-dessous chaque mois.
Bonne lecture, bon retour aux sources, et bon enracinement dans la lignée des paroissiens de Saint Christophe !
La Bonne Nouvelle de Saint Christophe n°6
Les « trois lundis » de Saint Christophe
(Extrait de La revue La Bonne Nouvelle de mai 1934)
S’il est un pèlerinage populaire dans notre ville, c’est bien celui…ou plutôt ceux de Saint Christophe…car, les lundis des trois premières semaines de Mai voient affluer autour de la petite chapelle du Saint, des foules considérables.
Tout Lorient, d’abord s’y donne rendez-vous… Les environs, dans un rayon assez étendu viennent l’y rejoindre.
Quel régal pour les amateurs de pittoresque ! Un site à faire se trémousser les pinceaux des artistes ! Le Scorff qui se prélasse lentement en arrivant à son estuaire, comme fatigué par le long parcours qu’il vient d’accomplir…Les maisons blanches qui le limitent entre le pont suspendu qui, d’une seule et gracieuse enjambée, relie ses deux rives, et le pont métallique, moins poétique car plus massif qui supporte la voie ferrée…La petite et pieuse chapelle qui domine du haut de sa falaise et, bien humblement, comme l’antique cabane de Saint Christophe, se dissimule derrière le feuillage des grands arbres…et, sur tout cela, de la lumière, des couleurs du soleil de mai.
Quel bonheur pour les amateurs de ces nombreuses boutiques, alignées aux abords de la chapelle et jusque sur la rue de Verdun et qui étalent, sous leurs bâches variées ou sous leurs parasols multicolores , des jouets et friandises pour les petits pèlerins …que ce défilé incessant, durant des heures , de milliers de voitures d’enfants, menées par des mains sûres et vigilantes de mamans expérimentées dans l’art d’éviter les accrochages dans une rue où il ne peut être question d’établir un sens unique.
On vient voir tout cela, mais empressons-nous de dire que le pèlerinage ne perd rien de son caractère pieux, de sa dévotion. Le premier souci des fidèles de Saint Christophe est de se rendre à la chapelle, d’y passer quelques instants dans la prière, de conduire les petits à la balustrade du chœur où, continuellement, un prêtre leur impose l’évangile. Bénir les « tout-petits » les confier à la garde de Saint Christophe au moment où ils commencent le grand voyage de la Vie, voilà le but de ce pèlerinage si cher aux lorientais et si renommé dans nos familles chrétiennes.
Que de monde !…
On s’est souvent demandé combien de pèlerins peuvent se rendre à Saint Christophe les trois lundis de mai ?
Avouez que la réponse serait bien difficile, quoique pas impossible pour celui qui aurait la constance de se tenir toute une journée auprès de la Sainte Table et de compter les personnes qui se présentent pour la vénération de la relique. Nous avons eu la curiosité cette année de relever ce nombre durant deux heures, dans l’après-midi, et nous sommes arrivés à ce chiffre impressionnant de 4200 …
On vient donc par milliers à Saint Christophe preuve que la dévotion populaire à ce grand saint est très en honneur dans nos familles. Et cette dévotion a ce caractère singulier qu’elle se pratique individuellement Ici, point de cérémonies grandioses, point de manifestations extérieures …mais un courant continuel de fidèles se livrant dans le calme aux pieuses pratiques traditionnelles.
Ces pratiques, vous le savez sont au nombre de trois.
On vient à Saint Christophe d’abord pour vénérer la relique du Saint…N’est cepas un spectacle, curieux et touchant à la fois que celui de cette maman s’approchant de la balustrade du chœur avec, amoureusement blotti dans ses bras, son cher petit…ou son dernier, car, bien souvent, c’est toute une escouade de bébés joufflus et aux grands yeux qui se cramponnent à sa jupe…et la manœuvre n’est pas toujours facile car tout ce petit monde veut baiser la relique et il faut faire appel à l’aide et à l’habilité de la grand maman pour faire monter les chérubins. Souvent, c’est le papa qui est corvéable, car, empressons-nous d’ajouter, ici le respect humain est inconnu et les hommes ne craignent pas de fléchir le genou.
Cette première dévotion accomplie, cette marque de politesse et de respect accordé au saint que l’on est venu visiter, on est en droit d’escompter ses faveurs. On reconnait à Saint Christophe le pouvoir de donner la force. On la lui demande pour les petits. Dans la nef latérale, des cierges sont à la disposition des pèlerins. On fait brûler un cierge en ayant soin de le confier , au moins quelques instants , à la gracile menotte de l’enfant. Encore une petite prière et on quitte la chapelle. C’est alors qu’on entreprend la dernière partie du programme… la procession autour de la chapelle. Le circuit n’est pas long…on le prolonge en l’accomplissant trois fois. Sans cesse, ainsi, toute la journée, un ruban mouvant encercle le sanctuaire vénéré.
Ce qui frappe et impressionne le plus dans tout cela, c’est le calme, la respectueuse tenue qui ont conservé à ce pèlerinage son caractère de pieux Pardon. Aujourd’hui, en effet, nous avons à déplorer, en maints lieux de pèlerinage, ce mélange de fête profane et de prières. Ce n’est pas le cas chez nous. A Saint Christophe, on prie et nul ne doute que le cher patron de notre paroisse se montre plus généreux envers ses fidèles amis.
Gazette numéro 6 : mai 2015