Pénurie de masques : rendons-nous utiles !
Et si nous fabriquions des masques en tissu pour aider à la protection des personnes ?
Depuis quelques jours, chacun est confiné à son domicile, ne sortant que très occasionnellement pour les besoins élémentaires.
Pour autant, ce temps de confinement permet de vivre la fraternité et la solidarité : téléphoner à des personnes isolées, aider pour des courses, etc…
Mais aussi, chacun peut se rendre utile pour aider à faire face au manque de masques de protection. Certains masques spécifiques (ffp2) sont nécessaires au personnel soignant et c’est à lui qu’ils seront réservés. Mais il est aussi possible de fabriquer des masques en tissu qui pourront servir à votre protection, cette de vos voisins… Ils ne protègeront pas de tout, mais ils permettront d’éviter de porter les mains au visage et auront l’avantage d’être lavables, donc réutilisables.
Epidémie, Confinement… Echange avec Monseigneur Centène
Depuis plusieurs semaines, les offices publics sont interdits. Les chrétiens ne peuvent plus se retrouver pour célébrer ensemble le dimanche. Il en est de même pour la Semaine Sainte et le temps de Pâques. Comment les catholiques vivent-ils cela ?
Au début ça a été difficile, les gens ne comprenaient pas que l’exercice public du culte soit devenu impossible, d’autant que le carême est une période où il y a davantage de cérémonies et de réunions à caractère caritatif. Par la suite, au fur et à mesure que la gravité de l’épidémie est devenue plus évidente pour chacun, ils ont compris que la restriction des libertés de se réunir et le confinement étaient nécessaires pour le bien commun. C’est une notion très importante pour les chrétiens et nous nous sommes appliqués à le leur faire comprendre avec pédagogie. Par ailleurs, la messe a été célébrée chaque jour sur RCF-Sud-Bretagne et cette semaine, nous avons même proposé aux chrétiens de vivre une retraite sur les ondes. Les retours que j’ai eus montrent que le carême a été vécu de façon plus dépouillée mais sans doute plus profonde.
En ce temps de confinement, comment les catholiques peuvent-ils vivre le sacrement de réconciliation ?
Les prêtres peuvent toujours confesser les fidèles, dans un lieu non confiné, église ou sacristie, en gardant les mesures de distance et de sécurité qui s’imposent. Ceux qui ne pourraient pas se confesser peuvent faire un acte de contrition parfaite et remettre leur confession pascale à plus tard. Le Saint-Siège a par ailleurs estimé que les conditions étaient réunies pour que les personnes atteintes du covid-19 et regroupées dans un même lieu puissent, exceptionnellement, recevoir une absolution collective.
L’attention et la visite aux malades est une part importante de la mission des prêtres et de certains laïcs : comment cela se passe-t-il en ce moment ?
Les aumôneries des hôpitaux continuent à jouer pleinement leur rôle. Pour ce qui est des équipes d’aumônerie d’EHPAD, c’est plus difficile car le confinement à l’intérieur de ces structures se doit d’être particulièrement rigoureux dans le but de protéger une population fragile et exposée aux complications au cas où elle contracterait le covid-19. Les prêtres restent en contact avec les personnes malades de leurs paroisses par téléphone. Si une visite est nécessaire, ils prennent toutes les précautions de prudence qui s’imposent en cette période d’épidémie.
Comment se portent les prêtres du diocèse ? On sait qu’en Italie beaucoup ont hélas été touchés par la maladie.
Pour le moment, un seul prêtre du diocèse de Vannes a été affecté par le covid-19. Il a dû être hospitalisé et après plusieurs semaines de soins, il semble maintenant rétabli et a pu quitter le milieu hospitalier. Dans la maison de retraite du clergé, les prêtres résidents ont été confinés et jusqu’à présent aucun cas n’a été diagnostiqué.
On entend beaucoup dire que la crise actuelle devrait entraîner, lorsqu’elle sera dépassée, des changements importants pour la société, sur des aspects essentiels. Qu’en pensez-vous ?
Il est évident que cette crise majeure laissera des traces durables. Le confinement de la moitié de l’humanité est un événement inédit dont les conséquences, psychologiques autant qu’économiques, sont encore à venir et insoupçonnées. Les hommes avaient fini par croire aux bienfaits d’un progrès sans limites. Ils se croyaient vainqueurs des maladies et pensaient pouvoir repousser indéfiniment les frontières de la mort. Le consumérisme et le matérialisme avaient étouffé tout questionnement métaphysique. A la faveur de cette pandémie l’homme fait l’expérience de sa vulnérabilité foncière. Face à la mondialisation des relations et à la globalisation de l’économie, il refait l’expérience de la nécessité des solidarités de proximité, des valeurs familiales. La fraternité est remise en lumière là où l’individualisme libéral régnait en maître. Pour survivre l’humanité doit faire front commun : être solidaire. On renonce à la démesure pour construire un monde à l’échelle de l’homme qui s’est redécouvert petit et fragile. Je pense que tout cela ouvrira nécessairement des perspectives civilisationnelles nouvelles.
Quel message d’espérance peut-on porter ?
Le temps que nous vivons appartient à ceux au travers desquels s’écrit l’Histoire du Salut. Les chrétiens, en cette semaine sainte, s’apprêtent à revivre le mystère pascal, c’est-à-dire le mystère de la grande victoire de la Vie sur les forces de la mort. C’est dans cette réalité que s’inscrit notre espérance.
Propos recueillis sur la base d’une interview accordée au Journal Le Telegramme – le 4 avril 2020.